mercredi 11 mars 2015

Article Sudouest.fr du 10/03/15 (abonné)




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Sud Ouest Éco à Dax: la filière bois en débat

Même si l’économie repart, Jack Bouin, le patron du Crédit agricole d’Aquitaine préconise un soutien de la filière bois. Entretien 


 " Sud Ouest " . Quelle analyse faites-vous de la situation économique régionale ?
Jack Bouin (1). Il y a du mieux incontestablement depuis quelques mois, du côté des ménages comme du côté des entreprises. Il y a une reprise de l'activité des prêts à l'habitat et des projets de construction, d'une part. Et les entreprises reprennent le chemin de l'investissement, d'autre part.
Nous entrons dans un nouveau cycle. Ce n'est pas encore franc, certes, mais la reprise s'annonce. Les facteurs extérieurs comme la baisse des coûts de l'énergie, les faibles taux d'intérêt et la meilleure parité euro-dollar sont aussi favorables. Tout semble aller dans le bon sens aujourd'hui.
Vous avez affiché de fortes ambitions métropolitaines récemment, avec notamment le projet de nouveau siège social. Vous restez le banquier du monde rural ?
Nous sommes plus que jamais le banquier numéro un du monde rural. Notre plan stratégique l'a clairement rappelé. Mais nous sommes en conquête de parts de marché sur l'immobilier, les entreprises, la banque privée, l'agglomération bordelaise, et sur les projets, publics et privés, du monde rural. Je rappelle que notre banque emploie 2 560 collaborateurs dans les départements de la Gironde, du Lot-et-Garonne et des Landes, et qu'elle réalise un produit net bancaire de 540 millions d'euros.
Le Crédit agricole est entré au capital du groupe Gascogne, gros industriel landais. Pourquoi ?
D'abord parce que c'est une entreprise de 2 000 salariés qui est en difficulté. On peut estimer que ses activités génèrent autant d'emplois indirects, sans compter son impact, dans les Landes, sur la vie des communes, des commerçants et des artisans. Nous ne pouvions pas seulement regarder ce gros dossier.
Ensuite, parce que deux industriels landais de grande expérience, Dominique Coutière et Laurent Labatut, dont nous accompagnons les entreprises (Biolandes, DRT) depuis des années, ont pris le risque de cette reprise. Ils connaissent tous les cycles de l'entreprise, quand elle va bien et quand elle va moins bien. Nous avons confiance en eux, sur la manière dont ils géreront la relance industrielle et la question sociale chez Gascogne.
Enfin, cette entreprise est un leader du massif landais. Le Crédit agricole est aussi un acteur de l'ensemble de la filière, les propriétaires, les scieries et les industriels. Nous sommes à notre place chez Gascogne.
La montée des prix crée des tensions sur le massif. Certaines entreprises souffrent. Quelle est la réponse du banquier ?
Le prix du bois est en augmentation de 30 à 40 %. Il avait beaucoup baissé dans le passé. Les scieries souffrent aujourd'hui, nous le savons. Nous étudions tous les cas, individuellement. Nous suivons de près les situations de trésorerie, mais l'objectif n'est pas le surendettement de nos clients. Ce n'est une solution pour personne.
Il faut se garder d'attiser le conflit entre papetiers et scieurs. Le massif n'en a pas besoin. Après deux grosses tempêtes, la filière connaît des difficultés qui doivent être traitées au niveau collectif. L'État et la Région doivent y répondre. Le Crédit agricole prendra sa part dans cet effort collectif.